Musée Cognacq-Jay : l’art français du 18e

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Le Musée Cognacq-Jay est situé dans un hôtel particulier du Marais depuis les années 1990. Différentes périodes se mêlent à l’histoire de cet établissement. D’emblée, lorsqu’on entre dans ce musée, l’ancienne demeure du 16e siècle construit par Médéric de Donon, contrôleur général des Bâtiments du roi, impressionne.

entrée du musée, par la cour.

La Ville de Paris acquiert ce bâtiment dans les années 1970, et le restaure afin d’accueillir la collection du couple Cognacq-Jay. Celle-ci est dédiée à l’art français du 18e siècle. Porcelaines, meubles, tableaux, pastels, bronzes ainsi rassemblés vous offrent un aperçu de l’art de cette époque, mais aussi du goût en matière d’arts aux 19e-20e siècles.

Cette collection a été rassemblée entre 1895 et 1925 par Marie-Louise Jaÿ (1838-1925) et Ernest Cognacq (1839-1928). Les portraits individuels de nos protagonistes sont exposés dans la première salle du musée éponyme.

Mariés dans la vie, leur lien est fort dans leur carrière : homme et femme d’affaires, ils sont également associés. Ils sont à l’origine des grands magasins parisiens La Samaritaine, fondés en 1870. Le nom de ce magasin vient d’une fontaine située sur le Pont Neuf et qui était illustrée de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine. Selon saint Jean, la Samaritaine est une femme nommée Photine appartenant au peuple des Samaritains. Un jour, alors qu’elle venait puiser de l’eau au puits, elle vit un homme lui demandant à boire. Elle fut étonnée, car Juifs et Samaritains ne s’entendent guère… Mais l’homme -il s’agit de Jésus- réitère sa requête. Cette scène est fréquemment représentée dans l’art occidental, et sa présence sur une fontaine est en lien direct avec le récit biblique, sans oublier le souhait implicite que l’eau ne tarisse jamais.

Tableau représentant la pompe de la samaritaine sur le pont neuf. Il s'agit d'une huile sur toile.
Nicolas Raguenet, La Pompe de la Samaritaine et le pont Neuf, 18e siècle, musée Carnavalet

Le pont Neuf jouit au 19e siècle d’une activité marchande notable, et plusieurs boutiques s’y installent. Après avoir travaillé dans quelques magasins, Ernest souhaite se mettre à son compte. Son affaire prend peu de temps à démarrer : il vend d’abord des tissus et des accessoires sous une tente sur le pont Neuf. Ses relations avec le propriétaire d’un café situé rue de la Monnaie lui permettent de louer l’annexe de ce café pour y établir son négoce. Les affaires prospèrent, et rapidement la petite boutique devient un des grands magasins les plus importants de la capitale.

Représentation dessinée du café situé rue de la Monnaie.

À la fin du 19e siècle, le couple s’enrichit grâce à son activité commerciale, et commence à acquérir avec passion des œuvres du 18e siècle. En 1927, Ernest, veuf depuis peu, présente leur collection lors d’expositions au sein de la Samaritaine Luxe, située dans une annexe du grand magasin au 25 boulevard des Capucines. Il a pour ambition de créer un musée dans ce bâtiment.

Vue d'ensemble du salon. Le mobilier date du 18e siècle.

Les œuvres que vous pouvez voir au musée illustrent le raffinement de la vie aristocratique durant l’époque des Lumières. Les artistes les plus représentatifs de cette période vous attendent tels qu’Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), François Boucher (1703-1770), Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) et Antoine Watteau (1684-1721).

Il s'agit d'une peinture du 18e, typique de l'art français.

Les arts décoratifs ne sont pas en reste, puisque de nombreuses pièces d’ébénisterie, des porcelaines chinoises pourvues de montures orfévrées françaises et divers objets de la vie quotidienne sont également présents dans le musée. Cette pratique n’est pas unique ; le goût pour l’art français du 18e siècle est fort entre la fin du 19e et la première moitié du 20e siècle. Posséder des objets incarnant le souvenir des anciennes collections aristocratiques est un phénomène récurrent à cette époque. Les époux Cognacq-Jay collectionnent ainsi un art de vivre représentatif de cette époque, et pas seulement une typologie d’œuvres.

La photo montre une pendule sur la cheminée.

À la mort d’Ernest Cognacq, la ville de Paris devient légataire de la collection du couple ainsi que de l’immeuble des Capucines destiné à accueillir les œuvres. Le musée Cognacq-Jay est ainsi inauguré en 1929 par le président de la République Gaston Doumergue, et y reste jusqu’à la fin des années 1980 avant son transfert dans le Marais.

Informations :
Accès gratuit aux collections permanentes.
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi et certains jours fériés.
Attention, le musée n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite.

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