Léonard de Vinci. Un nom qui résonne dans l’imaginaire collectif. Un nom universellement connu et synonyme de génie, d’artiste, et d’inventeur. Lorsque j’ai su que le Musée du Louvre organisait une exposition sur le peintre italien je me suis dit que le challenge était de taille. Comment parler d’une telle légende sans tomber dans le piège de l’article fade ? Très complexe.
Les conservateurs ont opté pour un parcours chronologique. Les différentes salles explorent la vie et l’œuvre de Léonard de Vinci (1452-1519), de sa formation artistique à sa mort. Simple, mais commode. Que dire de la vie de cet éminent créateur ?
Il est né en Toscane en 1452, près de Florence. Il devient le disciple d’Andrea del Verrocchio (1435-1488), un sculpteur reconnu en son temps. Bien que mondialement connu pour sa peinture, Vinci a été formé à l’art tridimensionnel. Cela va le marquer dans toute sa pratique, notamment dans le traitement des formes. Il est rare de voir un artiste aussi soucieux du rendu des volumes. La particularité de Vinci est de lier à cette réflexion l’ambition de représenter la vie grâce à la lumière et au mouvement. Il est complexe de figurer entre autres des drapés animés par le vent ainsi que des visages expressifs dans des tableaux.
Chez Vinci, ce rendu est rapidement devenu une obsession. Il comprend que la reproduction des choses mouvantes est utopique. Tout ne serait qu’illusion. Pour capter cette expression du mouvement, Vinci dessine. Il dessine beaucoup, en laissant les incohérences et les petites erreurs se faire, voire les superpositions de dessins. Cela fait partie de la recherche. Vinci appelle cela le componiento inculto, c’est-à-dire la « composition inculte ». Même si terme est péjoratif, il est symbole de liberté pour l’artiste. Et cette manière de créer lui permet d’obtenir plusieurs commandes. Léonard quitte Florence pour s’établir à Milan en 1482. Il a alors 30 ans.
À Milan, il travaille pour la cour et réalise des décors, des emblèmes ainsi qu’une statue équestre. L’œuvre la plus célèbre de cette époque est la Cène du réfectoire des Dominicains. Vinci ouvre également un atelier d’où sortent des portraits de grande qualité tels que la Dame à l’hermine et la Belle Ferronnière.
Vinci revient à Florence en 1500, le contexte politique est plus stable (contrairement à celui de Milan depuis l’arrivée des troupes françaises). C’est à cette époque que Vinci peint le Salvator Mundi, la Sainte Anne et le Saint Jean Baptiste. Question chef-d’œuvre, le créateur ne s’arrête pas là : il commence dans ces années-là un célèbre portrait de dame désormais conservé au Musée du Louvre…
Vinci poursuit ses recherches artistiques en les mélangeant à d’autres sciences. Ses compositions incultes sont à l’origine de son sfumato, une technique de peinture à l’huile permettant de faire des contours imprécis, voire flous. Mais attention : le sfumato n’exclut pas le détail, bien au contraire. Tout est dans le détail chez Vinci, et ce phénomène est amplifié par son ambition de recréer le monde grâce aux sciences.
En 1516, Léonard de Vinci part pour la France. Il y reste jusqu’à sa mort. L’artiste continue de travailler. Même s’il peint peu, il ne cesse d’appliquer ses concepts : tout est dans le détail et dans la représentation de la vie. Petite pensée émue face à l’Homme de Vitruve qui n’était un temps plus prévu au programme.
N. B. cette exposition ouverte jusqu’au 24 février se visite exclusivement sur réservation.