Affiches cubaines au Musée des arts décoratifs

La thématique était intrigante, les œuvres sont puissantes. Le Musée des arts décoratifs vous propose jusqu’au 2 février de découvrir l’art des affiches cubaines de la période 1959-2019. Le lieu se prête bien à ce type de manifestation : les murs de la salle d’exposition temporaire ont un aspect vieillissant et à l’abandon qui permet de se sentir dans la rue. Une belle mise en scène en somme.

Vue d'ensemble de la première salle de l'exposition sur les affiches cubaines

1959, une date importante pour cette histoire de l’art des affiches : Fidel Castro (1926-2016) arrive au pouvoir cette année-là. Depuis le 19e siècle, l’affiche cubaine est un moyen de communication pour les marques. Elle est surtout liée au négoce, et prône la consommation de produits…importés. L’esthétique doit alors beaucoup aux publicités américaines jusque dans les années 1960.

À partir de 1961, le ministre de l’Industrie interdit la publicité à fonction commerciale. Il a conscience du potentiel de l’affiche : c’est un art facilement visible par le collectif. Vous connaissez ce ministre, il s’agit de Che Guevara (1928-1967).

Les créateurs ne sont pas contraints dans leur activité. Bien au contraire. L’art des affiches cubaines devient un espace de liberté et de créativité sans limites. Cette production se divise essentiellement en deux catégories : politique et culturelle.

Les œuvres à caractère politique illustrent des moments clefs de la Révolution ou figurent les représentants de cette Révolution tels que Fidel Castro et le Che. À l’époque, deux organismes se chargent d’éditer ce type d’affiches : l’OSPAAL (Organisation de Solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine) et le DOR (Direction Orientation Révolutionnaire). Les questions de solidarité internationale et de politique interne représentent la majorité des thèmes de cette production.

Vue d'un mur avec plusieurs affiches cubaines politiques

Les affiches culturelles sont essentiellement liées au monde du 7e Art. Le cinéma devient ainsi une importante source d’inspiration pour les créateurs cubains de la seconde moitié du 20e siècle. Cuba aime les films : l’île compte en effet plus de 400 salles de cinéma dans les années 1940. Il ne faut pas oublier que le cinéma -comme pour l’affiche- est un art pouvant toucher facilement un grand nombre de personnes. L’impact sur le collectif est une stratégie redoutable. Les hommes politiques ont conscience de la portée de ces arts dont le potentiel éducatif est important.

Les années 1990 incarnent cependant une césure : le bloc soviétique s’est effondré, ce qui a pour conséquence une crise économique sans précédent pour Cuba. C’est ce que l’on nomme la « période spéciale ». Il faudra attendre 1995 pour que des investissements directs étrangers soient de nouveau autorisés. L’ONU s’oppose d’ailleurs à l’embargo américain touchant Cuba. Le secteur des affiches cubaines connaît alors un ralentissement brutal de sa production. Malgré la baisse de commande publique, les créateurs se regroupent pour continuer leur art.

Les années 2000 incarnent la mise en place de relations diplomatiques entre le gouvernement cubain et américain. Cette période est aussi celle d’une nouvelle génération d’affichistes motivée à prouver sa capacité à innover.

La Révolution cubaine est à l’origine d’un art visuel puissant : les affiches nous interpellent, nous attirent et nous captivent. On ressent l’influence des styles tels que le psychédélisme et le pop art. Face à ces affiches, le plaisir naît : l’œil est agréablement stimulé par cette manière originale de composer une image, et par la force des couleurs, des contrastes et de la typo. Cette exposition est un must see pour les personnes travaillant dans la communication visuelle. De belles leçons en perspective ! Hasta siempre arte !

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