Leçon de vie : un sujet passionnant et vaste. D’emblée, cela invite à se poser de nombreuses questions. Parler d’art et diffuser la culture sur les réseaux sociaux, pour quoi faire ? Est-ce vraiment efficace ? Qui doit s’en charger ? Les musées certes, mais qui d’autre ? Qui convaincre ? Seulement le jeune public distant des musées ? Pourquoi ce public est-il d’ailleurs si éloigné des musées ? Faut-il s’appeler Jay-Z et Beyoncé pour le faire venir au Louvre ? Qu’est-ce que le covid nous a finalement appris sur notre lien avec l’art ? Avons-nous toujours besoin de culture ?
La liste de questions pourrait être encore plus longue. L’évolution de la consommation des réseaux sociaux nous invite à réfléchir à la place nouvelle de l’histoire de l’art dans une société ultra connectée. Une société post-covid. Une société qui a fortement questionné le rapport du Je par rapport à la solitude et par rapport au monde qui l’entoure. Durant ce laps de temps qui semblait suspendu, le monde culturel a essayé de fonctionner en accentuant sa pratique du numérique. Portes closes, les musées de fait ont été confrontés à la problématique du lien avec le public. Certains, déjà conscients des enjeux sociaux et universalistes des nouvelles technologies avaient commencé une transition numérique. Les autres ont dû s’adapter.
Le numérique s’est avéré être une manière efficace de rester en lien avec le grand public. Même si certaines tentatives de musée transpiraient la maladresse, voire la méconnaissance totale de la culture web, elles ont eu le mérite de remplir à leur fonction d’éducation du peuple.
Twitch est un outil puissant. J’ai choisi d’utiliser cet outil permettant de faire du streaming en février 2021. Le contexte était clairement lié au confinement et à mon ras-le-bol de l’enseignement. Ce n’est pas tant l’utilisation de la visioconférence qui m’a fait atteindre les limites, mais le manque d’implication des étudiant-e-s. Je sais que certains enseignants n’ont pas su faire la transition et que l’omniprésence de la visioconférence a été vécue comme une forme d’overdose numérique. Toutefois, il me semble que certains enseignants (dont je pense faire partie) ont essayé de rendre la chose la plus agréable (ou la moins désagréable) possible. Aussi, face au mur tristement revêtu d’une mosaïque de rectangles noirs et assourdissants de silence, je me suis posé la question de la poursuite de ma carrière d’enseignement.
Heureusement, ma consommation de Twitch m’a fait ouvrir d’autres perspectives : et si je faisais de la culture sur Twitch ? Les personnes qui souhaitent suivre les émissions les suivent, et si cela ne les intéresse pas, ils n’ont qu’à partir. Nous aurons au moins toutes et tous essayé. Au final, l’enseignement s’est transformé en vulgarisation : mon but était de susciter la curiosité auprès d’un public varié. Les personnes me disant pendant mes lives qu’elles souhaitaient retourner en musée m’ont redonné le goût de l’enseignement.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Twitch m’a offert une leçon de vie. La culture est effectivement universelle, pour autant que l’on utilise des outils numériques.
C’est un message que j’adresse donc à tout le monde : continuez, restez curieux et curieuses. La culture ne doit plus être l’apanage des élites. Faites confiance dans les musées, leurs équipes œuvrent pour nous toutes et tous dans ce but.