Gamine, j’ai été initiée à la culture japonaise grâce au Club Dorothée. Ce fut d’abord les animés, puis les mangas papier durant l’adolescence. Puis on grandit, il faut obtenir un diplôme et se concentrer un maximum sur son travail. La culture japonaise est toujours présente dans mon activité, mais pas les mangas. Aussi, lorsque j’ai eu la possibilité de visiter l’exposition Monstres, mangas et Murakami au Musée en herbe en compagnie de la conseillère scientifique de l’exposition et deux amies passionnées par l’art japonais contemporain, j’ai eu l’impression de retomber en enfance. Le lieu nous y aide : le Musée en herbe propose tout au long de l’année des manifestations destinées aux petits. Évidemment les grands enfants sont les bienvenus, car le Musée en herbe est comme il le dit « le seul musée pour les 3 à 103 ans ».
Organiser une exposition autour des thèmes des monstres et de Murakami était un pari intéressant pour l’établissement. Les monstres issus du folklore japonais, ou yôkai, sont à la fois terrifiants, dégoûtants et drôles. Je vous laisse écouter la conseillère scientifique, Charlène Veillon (PhD) vous raconter comment il faut réagir face à l’un d’entre eux, le Kappa.
Et si vous vous posez la question de la présence du coussin péteur sur la vidéo : certains yokaï peuvent être combattus grâce aux flatulences, évidemment cela fait beaucoup rire les enfants (et les grands) !
L’exposition est également consacrée à l’artiste Takashi Murakami (né en 1962) dont les œuvres pop sont issues d’une forme de détournement de la culture du kawaï (mignon). Murakami est considéré comme étant le successeur d’Andy Warhol (1928-1987). Une petite nuance à apporter à cette réflexion : Warhol utilise des objets du quotidien qu’il élève au rang d’art. Il transcende ces objets pour faire passer un message sur la société de consommation. Murakami crée des œuvres d’art inspirées de choses mignonnes et du quotidien. Vous pourrez voir des œuvres variées de l’artiste, comme des sculptures et des peintures. Les productions de Murakami sont identifiables facilement : des fleurs souriantes pop, des personnages mélangeant les cartoons et les mangas, avec un faciès étrange nous faisant osciller du kawaï au kowaï (effrayant).
D’autres artistes sont présentés à l’exposition, ce qui permet d’aborder différents thèmes comme celui des catastrophes. Les accidents nucléaires de Fukushima, l’horreur de Nagasaki et d’Hiroshima, la pollution, les tempêtes, les typhons ainsi que les dérèglements climatiques sont régulièrement cités par les artistes japonais. Leur message peut être positif ou négatif à ce sujet. Il peut suggérer la fin de notre civilisation, ou son recommencement. Il nous invite aussi à rester humbles face à la puissance de Dame Nature. Pour le reste, la décision nous appartient.
Le musée en herbe vous initie ainsi à la culture japonaise contemporaine. Vous y retrouverez des monstres terribles et étranges du folklore, les premiers succès en mangas (Astro Boy), en passant par les créations kawaï-pop de Murakami ainsi que les réflexions poétiques et artistiques des créatrices comme Chiho Aoshima (née en 1974) et Aya Takano découvertes à cette occasion avec bonheur.
Cette exposition ouverte jusqu’au 22 septembre 2019 se destine aux petits et aux grands, tout comme le catalogue qui a le mérite de s’adresser à tout le monde.
Un grand merci au Musée en herbe pour les illustrations et le catalogue, sans oublier Charlène Veillon (PhD) pour la visite de cette exposition.