La peinture anglaise au musée du Luxembourg

Vue extérieure du musée du Luxembourg.

Il faut bien l’admettre : la peinture anglaise n’a pas la part belle dans les expositions temporaires, contrairement à la peinture française et américaine. Aussi, cette exposition des chefs-d’œuvre de la Tate Britain au Musée du Luxembourg était la bienvenue.

Jusqu’au 16 février 2020, vous aurez l’occasion de découvrir les créateurs anglais datant de la période du roi Georges III, c’est-à-dire de 1760 à 1820. Pourquoi cette chronologie ? Ce long règne a été un contexte très favorable pour les sciences et les arts. L’Angleterre connaît alors sa première révolution industrielle grâce à l’invention de machines permettant de développer l’exploitation des mines et du textile. Pour rappel historique, la machine à vapeur a été mise au point par James Watt en 1769. Cette période décisive a contribué à la transformation de la société, dans ses pratiques, dans ses habitudes et dans ses attentes.

Une clientèle aisée émerge. Elle est soucieuse de son statut social. Aussi, les portraits connaissent un important essor sous le règne de Georges III. Deux noms font surface : Joshua Reynolds (1723-1792) et Thomas Gainsborough (1727-1788). Tous deux sont peintres du roi, un titre prestigieux. La presse et la critique les voient comme des concurrents. Les deux artistes en jouent et créent des œuvres appelant ouvertement à la comparaison. C’est un véritable spectacle pour le public de l’époque ! Bien qu’ils profitent de cette rivalité, les deux peintres n’ont pas la même vision de l’art. Fondateurs de la Royal Academy of arts, quelques tensions sur leurs théories respectives les écartent finalement l’un de l’autre.

Les portraits de Reynolds et de Gainsborough révèlent leur talent dans la touche expressive, et surtout dans la captation du caractère du sujet. On devine aisément la personnalité des individus figurés. Les deux peintres témoignent leur attachement pour les maîtres des époques précédentes tout en apportant un regard neuf, ce qui plaît à la clientèle.

Toutefois, les portraits ne permettent que peu de variété. Les Anglais sont désormais attentifs à leur image et à la représentation de leur univers, c’est-à-dire de l’entre-soi. Le 18e siècle en Angleterre voit la naissance d’une société de consommation. La clientèle des artistes souhaite avoir des œuvres s’accordant à leurs ambitions et surtout prenant en compte leur individualité.

Les peintres doivent donc penser à de nouvelles compositions correspondant aux exigences des clients. Ils trouvent une réponse à leurs problématiques dans l’art hollandais et dans les toiles d’Antoine Watteau (1684-1721). L’art hollandais apporte les motifs des scènes de genre, c’est-à-dire des thèmes à caractère anecdotique ou relevant du quotidien. Le peintre français Watteau a connu le succès grâce à ses œuvres illustrant des fêtes galantes.

Le mélange de ces deux arts est à l’origine des Conversation pieces en Angleterre. Ces tableaux correspondent bien aux attentes de la clientèle bourgeoise : les créateurs mettent en scène les membres d’une famille dans des contextes informels. Les personnages ne nous regardent plus, ils vaquent à leurs occupations et ils discutent entre eux, d’où le terme Conversation pieces.

Heureusement, la peinture anglaise ne se résume pas uniquement à des portraits. En raison des guerres avec la France, les séjours sur le continent sont fortement limités. Les artistes redécouvrent ainsi leur pays et ses paysages. La nature leur permet de créer librement, sans pour autant nuire à leurs revenus : un marché se met en place, ce qui entraîne une production de petit tableau réalisé sur le vif.

Un homme est accoudé à la fenêtre et regarde l'extérieur. Il est en train de dessiner.
Francis Cotes, L’artiste Paul Sandby, 1761
Il s'agit d'un paysage : au premier plan un lac et au fond un château.
John Constable, Malvern Hall dans le Warwickshire, 1809

Enfin, la peinture d’Histoire n’est pas oubliée dans l’exposition. Genre académique par excellence, ce type évolue dans les années 1780 et se popularise. La fréquentation croissante des salles de spectacle suscite une réflexion sur la manière de représenter l’Histoire. Les artistes se tournent donc vers des sujets dramatiques et fantastiques.

Le tableau représente la chute d'anges dans un effet spectaculaire. Les corps tombent violemment au sol.
Edward Dayes, La Chute des anges rebelles, 1798
le tableau montre les ruines d'une ville, les maisons en pierre sont effondrées et des corps sont allongés au premier plan.
William Turner, La destruction de Sodome, vers 1805

L’effet spectaculaire et visuel triomphe chez les créateurs. Un nom va émerger, celui de William Turner (1775-1851) : la peinture anglaise entre ainsi dans le 19e siècle.

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