160 ans de relations commerciales et artistiques !
L’actuelle exposition consacrée au japonisme au musée des impressionnismes de Giverny est une des premières manifestations célébrant les 160 ans de relations commerciales et diplomatiques entre la France et le Japon. L’exposition de Giverny est une entrée en la matière des plus pertinentes.
Sorti de son isolationnisme sous la pression des États-Unis d’Amérique en 1854, le Japon se positionne de manière intelligente sur l’échiquier mondial. Ce pays participe entre autres aux Expositions universelles à partir de 1867 : porcelaines, laques, mobilier, peintures, architecture et estampes fascinent le public, et surtout les artistes. Et pourtant ce n’est pas la première fois que les artistes voient ce type d’œuvres ; elles sont désormais plus présentes en Occident, c’est-à-dire plus accessibles, et sont donc collectionnées avec passion par les créateurs et créatrices.
Japonisme, impressionnisme et post-impressionnisme
Lorsque les artistes de la modernité découvrent l’estampe japonaise, ils s’émerveillent face à ces nouvelles pistes qui correspondent à leurs problématiques. Par exemple, Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) et Vincent van Gogh (1853-1890) s’intéressent rapidement à ces solutions : ils s’inscrivent dans cette réflexion en utilisant à la fois les aplats de couleurs, le principe de composition rejetant la symétrie au profit de la diagonale et le goût pour un tracé vif, provoqué par le plaisir de l’improvisation dans le rendu du mouvement.
Dès 1864, James McNeill Whistler (1834-1903) et Henri Fantin-Latour (1836-1904) sont des clients de la boutique La Porte chinoise où il est possible de trouver des œuvres japonaises. Par la suite, d’autres artistes s’y fournissent en estampes, notamment Édouard Manet (1832-1883), Edgar Degas (1834-1917) et Claude Monet (1840-1926). Leur utilisation de l’art japonais concerne parfois des détails iconographiques, mais leur goût pour l’art des estampes, c’est-à-dire une des formes d’art les plus populaires du Japon, met en lumière une approche nouvelle, car non académique, dans la manière de traiter un sujet. Ainsi, l’esthétique proposée par les estampes japonaises leur offre une approche inédite du tracé, par l’intervention du hasard et une conception différente du rythme, mais aussi des propositions en matière de traitement des couleurs en aplats et de la composition.
Le japonisme en peinture est une construction occidentale créée selon des idéaux liés à la modernité. On admire les Japonais, car ils sont vus comme de grands dessinateurs et coloristes rejetant la tentation illusionniste et l’imitation. L’exposition proposée à Giverny vous permettra de voir des peintures suggérant des influences diverses du Japon sur les artistes (iconographie, composition, touche, etc.) ainsi que des estampes issues des collections de ces peintres de la modernité. L’exposition se termine le 15 juillet ; il vous reste donc une quinzaine de jours pour voir ces toiles et ces estampes japonaises ayant appartenu à Vincent van Gogh et à Claude Monet…
Si vous êtes intéressé.e par cette thématique, la manifestation Japonismes 2018 propose de nombreux événements artistiques et culturels tout au long de l’année.