Jusqu’au 27 janvier, le musée du Luxembourg propose une exposition consacrée à l’artiste tchèque Alfons Mucha (1860-1939). Cet artiste, célèbre pour son lien avec l’Art Nouveau, a réalisé de nombreuses œuvres sur des supports variés : peinture, affiche, dessin de bijoux, projets de décorations…sans oublier des emballages et étiquettes de produits (biscuits Lu, champagne Ruinart…).
Quand on pense à Mucha, de nombreuses affiches et images nous viennent à l’esprit. Dans la majorité des cas, la femme est très présente, et l’exposition en fait une belle démonstration. Les représentations de figures féminines de Mucha sont pleines de sensualité ou de douceur, en fonction de l’ambition de l’artiste ou de son commanditaire.
Sarah Bernhardt (1844-1923) fut l’une des grandes clientes de Mucha. Recruté un peu par hasard, il réalisera pour elle de nombreuses affiches de ses spectacles. En effet, arrivé à Paris en 1887, Mucha réalise des petites commandes en parallèle de ses études artistiques (notamment pour un restaurant). Paris est alors la capitale artistique mondiale ! Mucha s’y rend dès qu’il en a la possibilité pour se former sur place, au sein des académies libres. Il est alors très compliqué, voire impossible, pour les artistes étrangers de s’inscrire à l’Académie des Beaux-arts. Mucha réalise à cette époque quelques commandes pour un magazine de théâtre.
Le 24 décembre 1894, Sarah Bernhardt a besoin d’un artiste pour réaliser l’affiche publicitaire de sa pièce Gismonda. Mucha est alors le seul artiste présent dans les locaux : il accepte le défi et réalise une affiche pour elle. Son style et la réception de cette affiche lui permettent de bénéficier d’un contrat de plusieurs années comme illustrateur de l’actrice.
Les commandes d’affiches et autres éléments publicitaires s’enchaînent : le style de Mucha est plaisant pour l’œil, car les courbes et couleurs se mêlent de manière harmonieuse, sans oublier cette omniprésence de la femme, figure rassurante par excellence pour le consommateur.
L’exposition vous propose de découvrir ainsi un nombre important de ses œuvres. Elle suit un déroulé chronologique, ce qui permet d’appréhender la production de l’artiste dans son ensemble et surtout d’en saisir l’évolution. Et on sent dans ses dernières œuvres les tensions liées à la montée du nazisme. Je ne connaissais pas ses derniers travaux que je trouve intenses, et aussi très éloignés de ce qu’il réalisait au début de sa carrière.