Quand on pense à Mondrian, on a généralement en tête une toile iconique. Une œuvre abstraite tellement célèbre qu’elle a été utilisée par une marque de cosmétiques très connue. Pietr Mondrian (1872-1944) est ainsi un des pionniers de l’abstraction du début du 20e siècle. Aussi, le fait que le Musée Marmottan propose une exposition sur les œuvres figuratives du peintre m’a interpellée.
D’emblée, en gage de précision : un peu d’histoire de l’art. Au début du 20e siècle, des bouleversements esthétiques sont à l’origine des grands courants tels que le cubisme, le fauvisme et l’abstraction. Les créateurs ont besoin de remettre en question leur rapport au réel. Aussi, ils ne représentent plus le monde tel qu’il apparaît. Leur art n’a pas pour vocation d’imiter la réalité, mais d’en montrer certains aspects transformés, déchirés ou contorsionnés. Pour autant, cela ne veut pas dire que l’art figuratif ne disparaît pas. Cette pratique figurant le monde visible perdure.
Crépuscule, 1906 Moulin dans le crépuscule, vers 1907-1908
D’origine néerlandaise, Pietr Mondrian vit fréquemment à Paris, capitale artistique jusque dans les années 1950. Les temps sont alors durs pour les créateurs modernes. Souvent peu acceptés et reconnus, ils doivent compter sur l’aide précieuse d’amis, qu’ils soient mécènes ou galeristes. Dans le cas de Mondrian, c’est le collectionneur Salomon B. Slijper qui lui offre le soutien nécessaire. Fasciné par son œuvre, Slijper acquiert une soixantaine de tableaux de Mondrian entre 1916 et 1920. Grâce à lui, le peintre sort d’une période difficile financièrement et peut vivre de son art. Quel a été le prix de vente des toiles ? Environ 100€ chacune (après conversion de la somme de l’époque). Cela fait rêver.
De retour à Paris en 1919, Mondrian a désormais la possibilité de poursuivre ses recherches esthétiques en toute tranquillité. Recherches abstraites…mais aussi figuratives. Les œuvres de l’exposition comprennent ainsi des paysages réalisés entre 1898 et 1905. Les premiers tableaux de l’artiste suggèrent une leçon de la tradition, avant de s’ouvrir à la modernité par le biais de la couleur.
Les couleurs d’abord neutres deviennent par la suite de plus en plus présentes et puissantes. Mondrian utilise des aplats de couleurs vives qui révèlent son souci de se réinventer en permanence.
Clocher en Zélande, 1911 Moulin, 1911
Les portraits sont aussi importants dans la production figurative de Mondrian. On y retrouve ce souci de construction par la couleur. La représentation des choses est également source de questionnement. Mondrian découvre les œuvres cubiques de Braque et de Picasso en 1911.
Les formes des objets et des architectures se fragmentent désormais dans les toiles de Mondrian jusqu’à leur simplification quasi géométrique. L’artiste vient de prendre le chemin vers l’abstraction.
Dévotion, 1908 Autoportrait, 1913
L’exposition du Musée Marmottan permet ainsi de voir la grande cohérence esthétique de cette collection choisie par Mondrian lui-même. Vous avez jusqu’au 26 janvier 2020 pour découvrir cette facette méconnue de l’artiste.