« Encore une fois je me laisse aller à faire des étoiles trop grandes. » Dans une lettre adressée au créateur Émile Bernard en novembre 1889, Vincent van Gogh (1853-1890) critique sa technique. Pourtant à cette époque, il est arrivé à une forme de maturité esthétique qui confère à son art cette touche si particulière. Des astres trop grands ? Probablement pas. La nuit étoilée est un des chefs-d’œuvre du peintre. C’est elle qui a donné son nom à la manifestation de l’Atelier des Lumières.
Après Klimt, l’Atelier des Lumières propose jusque fin décembre une exposition immersive sur l’œuvre de van Gogh. Cette création visuelle et musicale produite par Culturespaces a été réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi. Le but de cette exposition est de permettre au public de s’approprier le lieu de manière sensible. L’approche est avant tout sensorielle et esthétique. Comme l’indique Gianfranco Iannuzzi, directeur artistique :
« Notre objectif est de laisser au visiteur sa liberté de perception et d’interprétation dans un espace où ses mouvements et déplacements font partie intégrante de l’exposition immersive. En amplifiant la dimension émotionnelle et en immergeant le visiteur dans une œuvre tridimensionnelle, nous l’invitons à développer une attitude à la fois plus personnelle et plus participative vis-à-vis de l’exposition numérique. »
Gianfranco Iannuzzi, dossier de presse
La manifestation permet de se plonger dans le chromatisme puissant de van Gogh. Le choix d’un tel créateur se comprend : van Gogh est un peintre très productif qui a révolutionné l’histoire de l’art. Et c’est une carrière artistique tragiquement brève, c’est-à-dire 10 ans. En une décennie, van Gogh a réalisé plus de 2000 œuvres, dont 900 peintures.
Les motifs et les détails valsent. À nous de reconnaître les œuvres, ou de nous laisser nous emporter par les couleurs et par sa touche expressive. Tout dépend de notre état d’esprit et de nos envies. Le passage des lettres est particulièrement émouvant, comme si nous étions plongés dans l’intimité du peintre. Les mots défilant sous nos yeux nous donnent l’impression de saisir le mystère.
Différents thèmes permettent ainsi de retracer la carrière artistique de van Gogh. Des débuts, jusqu’à la fin. Les réalisateurs utilisent les dernières œuvres de l’artiste pour montrer la tension nerveuse de van Gogh. Les oiseaux sont là, et volent tels des présages funestes. Fin de la projection.
Le dialogue entre l’ombre et la lumière est constant, ce qui donne cette force visuelle et cette intensité à la manifestation. Nous ne pouvons qu’être émus face à cette technique si expressive et que nous pensons à cette incroyable destinée.
Mais ne quittez pas le lieu. La projection se poursuit avec Japon Rêvé, images du monde flottant créé par le studio artistique Danny Rose. Ce programme court vous plonge dans l’univers des estampes. Vous serez alors à mi-chemin entre rêverie poétique à la Miyazaki et force expressive des œuvres d’Hokusai. Cette réflexion occidentale sur la vision du Japon est révélatrice de l’éternelle fascination face à cette esthétique à la fois sobre, détaillée, poétique et visuellement puissante.
Et comme le dit le proverbe : jamais 2 sans 3. Un dernier programme court vous attend à la suite de Japon Rêvé. Il s’agit de Verse par Thomas Vanz. Nous quittons l’art pour rejoindre l’espace. Cette création réalisée pour le Studio de l’Atelier des Lumières interroge les thèmes de la vie et de la mort dans l’univers.
Merci de m’avoir fait vivre cette expo comme si j’y étais… Documenté, analytique et poétique !